Immigration clandestine : Un dénouement funeste pour l'Afrique


Le moins qu'on puisse dire, ce que ce phénomène a pris de l'ampleur sur notre continent. De ses quatre coins, l'Afrique attestée comme berceau de l'humanité se dépeuple de ses fils. Dans sa partie occidentale, la Guinée en est un parfait exemple. Notre précieux pays sous l'œil de son gouvernement a vu moult de ses bras valides s'anéantir sans lever le petit doigt ; malheureusement. C'est honteux ! Le pays va mal.


En Guinée, la jeunesse mène une vie digne de compassion. Traine-misère, sujette à la galère quotidienne, au manque d'emplois, aux regards perçants et persistants des parents, ou pire au désespoir, elle décampe le plus rapidement possible à la quête du mieux être, et ce bravant tout péril.
Dans cette aventure vers l'inconnu, les jeunes africains se jettent aveuglément dans la gueule du loup. Sur des montagnes sujettes à l'éboulement, dans le désert aride et sur des vagues d'océans chancelants. Obnubilés par la réussite de leurs amis qui jadis moisissaient comme eux, des amis qui aujourd'hui leur balancent sans cesse des clichés de photos à la moindre occasion prises en Europe, sous la tour Eiffel, avec empressement, ils tentent le tout pour tout quitte à risquer leurs vies. Bercés dans l'illusion, ils se voient déjà sur la terre bénie " fotéta" respirant un air paradisiaque. Dans leur esprit est gravé ceci " Traverser ou périr ".

Malheureusement dans ces voyages ambigus, ils endurent des supplices non loin de l'esclavagisme : Tortures, frappes, famine, incarcérations...Le scénario est inénarrable. La plupart y périssent sous le coup de la chaleur et du manque de provisions du fait d'être jeter à la mer ou dans le désert. Un jeune de retour en Guinée raconte sa mésaventure : " Il y a même certains qui vont ruinés dans le désert là-bas juste pour boire parce qu'il y a rien là-bas, ça ne va pas du tout là-bas". S'est il lamenté.

Au cours d'une année, la Guinée s'est vidée de près de 20 mille de ses bras valides dans ce phénomène. Un événement très regrettable vu le laxisme de nos autorités. L'ambassadeur des États-Unis en Guinée déplore cela en ces termes : " Ce n'est pas seulement une question économique mais maintenant c'est une question sécuritaire, c'est une question de droit de l'homme. Cette année l'estimation est que 15 mille jeunes guinéens ont essayé de quitter le pays pour l'Europe. Plus ou moins 10 mille sont arrivés ".

Sur la route, il y a des tas de barrages où les jeunes subissent des rackets organisés par les passeurs sans empathie. Chacun pour soi Dieu pour tous. En dépit de tout, beaucoup de jeunes continuent et peu retournent le pas.

Pour mieux m’enquérir de cette réalité, je me suis approché d'un doyen qui n'a pas encore perdu l'art de la poésie. Flegme et pétri d'imaginations contrairement à nous jeunes d'aujourd'hui, voilà ce que ça donne : un poème qui définit en quelques lignes << Immigration clandestine >> et sensibilise les jeunes avec sagesse.

Inhumain, ignoble, immonde, telle est la vie de cette mésaventure.
Mobile de la recherche du bien-être social auquel on aspire.
Malgré les entraves plus ou moins atroces que génèrent ces voyages.
Inouïe vertu de la conscience face au lugubre destin.
Grossière discrimination que subissent les nomades.
Rendus étourdis par les intempéries et les exactions.
Auréolées d’immondes et de dignité bafouée.
Traversant dangers et périls sur des flots mouvants et des éboulements de montagnes.
Ils vont résolument ces candidats à l’aventure vers l’inconnu.
Où, comme la ruée vers l’or, ils espèrent trouver le bonheur, l’Eldorado.

Non ! Mes frères et sœurs, détrompez-vous ! Le bonheur ?  L’Eldorado il est ici, chez nous. Il suffit d’observer les conseils du vieux laboureur qui disait à ses enfants : Travaillez, prenez de la peine, c’est le fond qui manque le moins ; un trésor est caché dedans. Je ne sais pas l’endroit, mais un peu de courage vous le fera trouver. Creusez, fouillez, bêchez, ne laissez nulle place où la main ne passe et repasse. Les fils vous retournent le champ, çà et là si bien qu’au bout de l’an, d’argent point de caché…

Eh bien mes amis ! Faisons la même chose que ces enfants obéissants. Cherchons, créons et la nature nous rendra le bonheur tant recherché au prix de nos multiples sacrifices. Ainsi nous serons utiles à notre pays, à notre société et à l’humanité toute entière.

Des causes, il y en a certes ...

Elles sont diverses et ces trois couches sociales ne sont exemptes : Nos dirigeants, les puissances extérieures et la population africaine. Dans un cas général, l'observation que j'ai faite de mon entourage, de certains amis, est cet engouement, ce désir incontrôlé qu'ils exprime quant à la manière d'atteindre les pays occidentaux par tous les moyens. Comme envoûtés, ils sont remplis d'une dose de certitude que là-bas c'est la vraie vie. De là, un rêve se dessine, une illusion pure et simple loin de la réalité. Je crois que mes "amis" de l'extérieur pourront mieux élucider.

À souvent écouter leur conversation, nous recevons des propos du genre : " Te souviens-tu de notre ami Amadou, il a traversé hè. Maintenant il est en Espagne. " Haa incroyable ! Alors là, la jalousie les étripe comme pour dire que si notre ami Amadou a réussi son coup, nous le pouvons aussi.  Sur ce, une tonne d'explication sur les marches de manœuvre à adopter pour y débarquer se planifie. Dans pareil cas, mobiliser le peu de frics qui reste semble le choix le plus audacieux. Dommage que d'autres parents se mêlent à la danse en aidant leurs fils à quitter le pays, ou plutôt à se faire la peau. Avec cette extraversion, nous assistons à des fuites massives.

L’exode des jeunes guinéens est un phénomène qui s’accroît. Sous le silence coupable de nos autorités, les jeunes guinéens meurent lâchement. Le président Alpha Condé après sa désignation à l’Union Africaine n’a rien trouvé à faire que de recommander un autre président pour se charger du dossier afin que négociation soit faite avec l’Union Européenne au nom de toute l’Afrique et ainsi sauvegarder l’intérêt de jeunes. Oublie-t-on ce qui doit être fait en amont ? Toujours compter sur l'aide extérieur afin de résoudre nos propres problèmes, c'est directement se fourrer le doigt dans l’œil. L' Afrique, doit comprendre cela ?

Parmi les points de chute, l’Italie n'est pas en marge. Comme l'Espagne, c'est un pays où la clandestinité gagne de l'importance. Face à cette situation, un fond pour l'Afrique estimé à  200 mille euros a été débloqué par le gouvernement italien dans le but de contrecarrer le flux des migrants. Plus de cents mille € sont distribués dans trois pays africains notamment la Libye, la Tunisie et le Niger. L'objectif comme je l'ai dit tantôt est d'endiguer le flot des clandestins vers ces pays. Le reste est débloqué pour le Sénégal, la côte d'Ivoire et la Guinée Conakry dans ce même ordre d'idée.
Cependant, un fait doit retenir notre attention par rapport à la situation de la Libye. Le constat est que, ce pays est devenu un carrefour incontournable des passagers clandestins, et ce, pour plusieurs raisons.

D'abord on omet certains éléments qui ont conduit ce phénomène sur ce territoire. L'Occident avec sa soi-disant démocratie est à l’origine de tout cela en heurtant ce pays de plein fouet. Comment ?
La Libye qu'on a connu sous l’égide du feu guide libyen Kadhafi était un pays organisé et sécurisé. Mais tel n’est plus le cas maintenant. Après sa mort, des armes ont été distribuées à la population, ce qui a conduit à la naissance du terrorisme et la formation de deux gouvernements. L’un soutenu par la communauté internationale se situant à l’écart du pays et l’autre par le peuple libyen qui est considéré comme un gouvernement terroriste suite à l’attaque de l’ambassade des USA à  Benghazi. Ces déchirements ont laissé place à l’insécurité régnant aujourd'hui sur le pays. Maintenant, la porte est ouverte pour les passagers clandestins. Aujourd’hui, le pays n’arrive plus à se retrouver. Ceux qui ont cautionné la mort de Mouammar Khadafi semblent ne rien se reprocher. Feu Khadafi, l'Afrique te pleur.

D'un autre côté, l'accroissement de l'inégalité entre les pays riches et les pays pauvres en est une autre cause. Un obstacle à traiter sur le long terme dans ce sens qu'il ne serait plus nécessaire d'aller clandestinement dans un pays aussi riche que le tien. Quant au manque d'emploi des jeunes, je vous laisse en juger chers lecteurs. La liste des causes est loin d'être terminée.

Comment endiguer cette fuite massive des jeunes africains vers l'Occident ? C'est la question qu'il faut se poser. De toute évidence, tant que les États africains ne créerons pas les conditions requises à savoir une mise en place d'une politique de sécurité globale, la création d'un cadre idéal d'épanouissement, de réussite, pour les jeunes, ce phénomène est encore à redouter.
En attendant #HalteALimigrationClandestine

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