La chasse aux oiseaux dans mon village, j’étais plutôt maladroit...

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Credit photo: Mouslim Diallo, le vieux chasseur.
« Yembering Mali… » Cette préfecture célébrée par des magnificences par la chanteuse Lega Bah. Elle est productrice de tonnes de pommes de terre par an. A tort, cette localité est marginale et expressément méconnue des dirigeants guinéens. Rien de concret n’y est réalisé depuis 58. Heureusement moult promesses ont été lancées…Mais revenons-en au thème.
Pour rentrer dans le vif du sujet, parlons de cet évènement comique enfoui : la chasse aux petits oiseaux.

Après des années d’études à Conakry, je me résous d’aller humer l’air frais du Fouta Djallon. Dès l’aube, la mélodie d’oiseaux m’extirpe de mon sommeil. J’étais exulté par la pratique de la chasse aux oiseaux ! Un moment fort de répit et de réjouissance. Cependant, fâcheusement catastrophique pour les ovipares du Fouta.
Pendant les vacances nous y allons en famille. Ce n’était la première, mais quelque chose qui n'etait vraiment pas fréquent. Bien avant de quitter Conakry, j’empochais quelques francs destinés inévitablement à l’achat d’un lance-pierre. C’est une activité captivante et moins fastidieuse pour les enfants que nous étions. Une fois atterri, le boulot ne tarde pas.
 Dans les buissons, nous passons à l’escalade des nappes d’eaux à la recherche des supports en bois fourchus. Un outil qui permet d’attacher des caoutchoucs élastiques rougeâtres. Peu après cela, nous séchions le bois, passions à l’attache des lance-pierres. Sur ce, la chasse commence aussitôt.
Dès l’aube, nous empruntions la grande route parsemée de pierres. Nous ramassions une quantité de cailloux qu'on emmagasine à l’avance. Poches pleines, le vrombissement débute. Vroum vrac ! Des coups se déchaînent à tue-tête. Les oiseaux battent les ailes et bifurquent…ce qui m’étonnait de plus, c’est cette habilité qu’ont les enfants du village. Ils sont d’une adresse incomparable. Franchement je leur accorde cela !
Avec eux, il n’y a pas math. C’est une activité qui anime à juste titre les bambins que nous étions : seulement viser et tirer. Malheureusement, nous rentrons la plupart bredouille.
Un jour, je sors seul afin de tenter ma chance. Parcourant une vingtaine de mètres, je m’abrite aléatoirement sous un oranger au feuillage touffu. La chance m’avait-elle souri ? Un grand pigeon vient à l’instant d’atterrir sur une branche de l’oranger. Aiguillonné, je me positionne. Un angle visuel se présentait entre le feuillage. L’oiseau ne remarquant pas ma présence, continu ses mouvements désordonnés. Je  localise ma cible dans le viseur et arme mon missile. Voup… ! Malhabile et malchanceux, l’intention ne suit l’action. Mon tir finit par se heurter aux branchages de l’arbre avant même d’atteindre ma proie qui, déjà avait atteint le ciel. Merde. Quel chasseur maladroit du Fouta !
En dépit tout cela, je réussissais pas mal à cogner quelques cranes d’oiseaux quoique l’allure était d’une large raréfaction. La chance sourit à ceux qui osent. Dit-on. L’oiseau à terre, je me servais hâtivement des mains pour l’égorger. Un  tir de tête suffisait puisque j’étais sans canif. Je rentre tête haute à la maison.
Fréquemment dans la clôture en bois, nos lances hasardeuses produisaient des bruits fracassants. Cela perturbait les grands parents qui sagement, nous conseillaient de nous abstenir de tuer certains oiseaux dits maléfiques et d’autres d’ailleurs supposés bienveillants. Assieds sereinement sur un terrain pierreux où s’effectue la prière, notre grand père nous conseillait sans relâche. Ce qui finalement reste tout le temps sans succès. Car on continuait toujours. Têtus que nous étions, la chasse continuait du jour au lendemain…il faut croire que l’inconscience rime avec l’enfance. Nous continuons…toujours et encore.
Toujours est-il que la chasse aux oiseaux dans ma localité tend à s’éclipser en faveur de cette modernité qui oblige les jeunes à adopter un comportement nouveau vis-à-vis de leur habitude traditionaliste. Nantis des outils technologiques dont ils rêvent, ils se disent désormais civilisés et contemporains. Mais indéfiniment, l’Afrique restera toujours Afrique.

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