La chasse aux oiseaux dans mon village, j’étais plutôt maladroit...
Credit photo: Mouslim Diallo, le vieux chasseur. |
Pour rentrer dans le vif du sujet, parlons de cet évènement comique enfoui : la chasse aux petits oiseaux.
Après des années d’études à Conakry, je me résous d’aller humer l’air
frais du Fouta Djallon. Dès l’aube, la mélodie d’oiseaux m’extirpe de mon
sommeil. J’étais exulté par la pratique de la chasse aux oiseaux ! Un
moment fort de répit et de réjouissance. Cependant, fâcheusement catastrophique
pour les ovipares du Fouta.
Pendant les vacances nous y allons en famille. Ce n’était la première, mais quelque chose qui n'etait vraiment pas fréquent. Bien avant de quitter Conakry, j’empochais quelques francs destinés
inévitablement à l’achat d’un lance-pierre.
C’est une activité captivante et moins fastidieuse pour les enfants que nous
étions. Une fois atterri, le boulot ne tarde pas.
Dans les buissons, nous passons
à l’escalade des nappes d’eaux à la recherche des supports en bois fourchus. Un
outil qui permet d’attacher des caoutchoucs élastiques rougeâtres. Peu après
cela, nous séchions le bois, passions à l’attache des lance-pierres. Sur ce, la
chasse commence aussitôt.
Dès l’aube, nous empruntions la grande route parsemée de pierres. Nous ramassions une
quantité de cailloux qu'on emmagasine à l’avance. Poches pleines, le vrombissement
débute. Vroum vrac ! Des coups se déchaînent à tue-tête. Les oiseaux battent
les ailes et bifurquent…ce qui m’étonnait de plus, c’est cette habilité qu’ont
les enfants du village. Ils sont d’une adresse incomparable.
Franchement je leur accorde cela !
Avec eux, il n’y a pas math. C’est une activité qui anime à juste
titre les bambins que nous étions : seulement viser et tirer.
Malheureusement, nous rentrons la plupart bredouille.
Un jour, je sors seul afin de tenter ma chance. Parcourant une
vingtaine de mètres, je m’abrite aléatoirement sous un oranger au feuillage
touffu. La chance m’avait-elle souri ? Un grand pigeon vient à l’instant d’atterrir
sur une branche de l’oranger. Aiguillonné, je me positionne. Un angle visuel se
présentait entre le feuillage. L’oiseau ne remarquant pas ma présence, continu
ses mouvements désordonnés. Je localise
ma cible dans le viseur et arme mon missile. Voup… ! Malhabile et
malchanceux, l’intention ne suit l’action. Mon tir finit par se heurter aux
branchages de l’arbre avant même d’atteindre ma proie qui, déjà avait atteint
le ciel. Merde. Quel chasseur maladroit du Fouta !
En dépit tout cela, je réussissais pas mal à cogner quelques cranes
d’oiseaux quoique l’allure était d’une large raréfaction. La chance sourit à
ceux qui osent. Dit-on. L’oiseau à terre, je me servais hâtivement des mains
pour l’égorger. Un tir de tête suffisait
puisque j’étais sans canif. Je rentre tête haute à la maison.
Fréquemment dans la clôture en bois, nos lances hasardeuses
produisaient des bruits fracassants. Cela perturbait les grands parents qui
sagement, nous conseillaient de nous abstenir de tuer certains oiseaux dits
maléfiques et d’autres d’ailleurs supposés bienveillants. Assieds sereinement sur
un terrain pierreux où s’effectue la prière, notre grand père nous conseillait
sans relâche. Ce qui finalement reste tout le temps sans succès. Car on continuait
toujours. Têtus que nous étions, la chasse continuait du jour au lendemain…il
faut croire que l’inconscience rime avec l’enfance. Nous continuons…toujours et
encore.
Toujours est-il que la chasse aux oiseaux dans ma localité tend à
s’éclipser en faveur de cette modernité qui oblige les jeunes à adopter un
comportement nouveau vis-à-vis de leur habitude traditionaliste. Nantis des
outils technologiques dont ils rêvent, ils se disent désormais civilisés et
contemporains. Mais indéfiniment, l’Afrique restera toujours Afrique.
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