Une tournée dans la cité industrielle de Kamsar
Au port de Kamsar. Credit photo: Mouslim Diallo |
Obnubilé par l’idée de se requinquer hors de Conakry,
j’entreprends une sortie cette fois-ci en dehors de la capitale guinéenne
teintée de brouhahas assourdissants. Longtemps claquemuré dans cette zone
littorale, le désir de m’y extirper m’enthousiasme vivement. Raison davantage
pour rompre l’habitude et changer d’air vers la cité éclairée de Kamsar.
Environ 3 heures écartent Conakry-Kamsar. Départ prévu à 12h. A première vue, les abords routiers
m’ont consterné durant le trajet. Le paysage dénote une aridité sévère causé
par le manque d’eau. Les environs de la route sont crevassés. Les feuilles ont
perdu leurs couleurs à cause de la chaleur. L’environnement parait désertique
et non arbustif. Ceci explique le déversement de toute cette chaleur à Conakry.
La prière de 16h nous trouve dans la cité. Quelle aubaine ! Nous
dégotons un hébergement chez un ami où le confort bat son plein. Exténuation d’un jeune conakryca suite au voyage, j’extirpe ma lassitude devant un écran plat et sous un
climatiseur. La température me vivifie agréablement. Ouf de soulagement !
En effet, Kamsar est une des villes les plus organisées du pays.
Exclusivement monopolisée par la CBG (compagnie bauxite de Guinée), la cité de Kamsar a accès à des ressources hydrauliques
et électriques en permanence. Situé en bordure de l’océan au nord-ouest,
l’accès à la pêche est commode. Visitons la cité de Kamsar chers lecteurs.
A la différence de Conakry, l’écart se fait sentir. L’éclat et
l’organisation de la cité impressionnent à plus d'un titre. Piqués d’une dose extraordinaire de
civisme, ses habitants passent leur quotidien sans ambiguïté. Accompagné de mes
amis, j'ai sillonné la cité pour plus de clairvoyance. Le soir, nous
entamons une promenade dans les ruelles bien bitumées de la cité.
Sur la route, nous discutons chaudement sans pression psychologique ni
hésitation. Les habitants de Kamsar nous observent avec stupeur. A l’évidence, la
cité tombe dans l’accalmie totale vers les 23h.
Du côté nord-ouest de la cité, en traversant le quartier Camp-palanta,
vous pouvez remonter vers le port de Kamsar. Nous avons traversé la
base de surveillance et de la protection des pêches, de l’aquaculture. Sur
place, un quai aménagé vous y mène en vous laissant entrevoir de part et
d’autre des pirogues en stationnement.
Le long du quai regorge des charrettes de glaces ; et des femmes
cherchant leur quotidien. De loin, j’y remarque un bateau de couleur sombre. En
voilà sûrement un exportateur de bauxite. Ouais, Kamsar et Sangaredi sont
des zones minières.
Il est inéluctable que notre Guinée a une réserve importante de
ressources minières. Mais le guinéen lambda ne cesse d’accoucher ses plaintes. Kaleta bègue toujours (délestage
pendant les temps chauds). L’insalubrité a battu le record dans la capitale Conakry,
le manque d’emploi, le panier de la ménagère va au pire… Gouverner c’est
prévoir ; dirai-je simplement.
Subjugués par l’organisation de la cité, mes amis et moi avons créé un
néologisme en l’occurrence : « tout est CBTISER ». C’est dire
que la CBG est le poumon de Kamsar. Elle s’occupe de tout. Le
lotissement, la fourniture constante d’eau et d’électricité et les denrées. De
plus, l’octroi des maisons aux travailleurs de ladite compagnie. Ses avenues serpentées
sont bondées d’habitats simples et facilement identifiables par des numéros.
Chaque maison située le long des ruelles dispose d’un numéro d’identification
débutant par une lettre. Juste devant chacune d’elle, une poubelle posée dénote
le même numéro. En clair, chaque bâtiment à son numéro et une poubelle. De ces
numéros qui débutent par des lettres C, X, B résident les boss. Chacune des lettres
est un signe déterminant la classe sociale du résident. La durée de logement
est définie pour chaque travailleur de la CBG. Cette organisation incroyable
marque à plus d’un titre. La CBG se charge de tout.
Ce qui m’a encore frappé, c’est l’accalmie et la propriété qui y règnent.
Jamais cette cité ne m’a paru similaire à Conakry. La petite cité renferme une
propreté exemplaire. Et chaque matin que Dieu fait, chaque citoyen balaie sa
devanture et range les immondices dans sa poubelle. Ces dépotoirs sont aussitôt
vidés par les nettoyeurs qui y passent de temps en temps. L’atmosphère qui y
plane est agréable. Personne ne dérange son voisin. Avec cette lumière toujours
constante, les ruelles démontrent une clarté inouïe. J’adore cette cité.
Franchement !
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