La fête au village (Sigon) !

Malgré mon vécu important dans la capitale, les cérémonies de fêtes à Conakry ne me donne guère assez d’engouement comme au village. Sans hypothéquer ma vision, dans la capitale Conakry chacun est pour soi. C’est une ville où les voisins s’ignorent. Chacun y va -lieu de prière- de façon presque solitaire. Enthousiasme et gaieté y manquent à l’opposé du village.
La fête au village (Sigon) !
photo: @Mouslim Diallo. Telihi Makassan Sigon.

Pendant les vacances nous nous y rendons -Mali yembering- avec la famille pour saluer les grands parents, les vieux sages du village. Je me rappel des fêtes passées là-bas : C’était gargantuesque.  Dès le petit matin, tout le monde est excité. Vieux, femmes et enfants se préparent. La veille, les personnes se bousculent dans les boucheries. Il faut obligatoirement se procurer de la viande.  Il est nécessaire pour cela d’avoir la force et le prestige pour te procurer de quelques kilos de viande. Ces jours de fête sont exceptionnels à Sigon. Quittant à Conakry, nous y allons nantis de nos basins bien brodés. Le soleil se levait sur l’horizon et les tambours commençaient à vibrer : Deux hommes tenaient le tambour de part et d’autre, et chacun frappait de force avec des lanières de façon rythmique et répétitive: N’doun-n’dan. Les quartiers Toulèl, N’danta, Séria et ses représentants venaient de part et d’autres en chantant de versets coraniques harmonieux.

J’ai enfilé promptement mon basin, pris la natte  après s’être bien parfumé et dirigé vers le lieu de prière avec mon grand-père. Mes frères bien déguisés nous suivaient. Oh j’oubliais ! Le lieu de prière est un vaste terrain étendu appelé bowal (poular). C’est un terrain plat légèrement ascendant se trouvant à côté de la grande route. Le bowal est recouvert de petits herbes et cailloux. Au village, les prières de fêtes ne se déroulent pas dans les mosquées vues la petitesse : Une tradition. Les tambours résonnaient comme une sonnerie d’appel. Arrivant sur place, les salutations de bienvenue nous accueillaient. L’imam, vêtu élégamment venait suivi d’un groupe de sages. Chaque groupe prenait place et faisait face à l’imam pour enfin écouter le sermon. L’imam faisait la lecture en arabe et traduisait en langue poular sans détailler. Nous écoutons. Quelle union ! Quelle harmonie à foutah chers lecteurs ! La culture foutaniènne est un modèle pour l’occident.

Aussitôt le sermon finit, les salutations commencent. Les enfants achètent de gâteaux et bonbons : c’est la joie. On se congratule. Les jeunes ados se réunissent en groupe d’âge en vue de cotiser et veiller la nuit. Prenant nos nattes, nous admirons cette foule splendide. C’était mémorable. Quelques heures après, nous sommes rentrés à la maison où les plats succulents nous attendaient.
La jeunesse du village organisait plusieurs évènements exceptionnels : Le football, la natation, la danse… La soirée, elle se réunissait, causait et partait à la danse pour se retourner bouffer les plats dont il avait préparé. A vrai dire, je n’ai pas beaucoup vécu au village. Je suis un enfant de Conakry. C’est pour cette raison que je n’ai pas assez de groupe là-bas et d’ailleurs ce n’est pas de ma nature car je suis renfermé. Beaucoup de festivités s’y accompagnent : Le thé, la nage… C’est la grande gaieté.
photo: ibrahima sory à N' danta


Les vendredis, tout le monde se rendait à la mosquée pour la prière. Que c’était beau de vivre au village ! Les sages lisaient le coran et faisaient des sacrifices. L’harmonie y régnait, le respect  des personnes âgées, la mansuétude envers les enfants. Les vieux sages sont une source de connaissances inépuisables. Ils inculquent sagesse, respect, savoir-faire et savoir vivre. Rien d’étrange quand le grand Amadou hâmpaté dit comparativement en occident : « Un vieillard qui meurt en Afrique est une bibliothèque qui brule ».

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