Un drôle de baptême



BAptème Jeunesse à conakry
@Mouslim Diallo photo : Cérémonie de baptême.
C’était le dernier jour du mois de décembre 2014. Au petit matin, je me suis réveillé avec une fatigue exténuante. C’est comme si un poids-lourd était posé sur moi. J’avais  mal dormi cette nuit-là. En fin de compte, j’ai décidé de rester à la maison.

A 5h du mat’, sortant difficilement pour la prière de l’aube, j’avais aperçu une lueur derrière la cour, c’était des femmes qui préparaient certes. Sans se préoccuper pourquoi, je suis rentré accomplir mon obligation réligieuse.


Vers 8h, alors que je voulais rattraper mon sommeil, le soleil perçait discrètement les petits trous de ma porte. Un bruit assourdissant me réveilla. Vrombissement des baffles. La musique résonnait. C’était un baptême des voisins. Le baptême de M. Camara. Au finish, je suis sorti de mon lit pour voir ce qui s’y passait.
 
A l’accoutumée, les cérémonies de baptême s’effectuent seulement après 7 jours de la naissance de l’enfant. Les règles religieuses l’indiquent clairement. Donner un nom au bébé doit être obligatoirement accompagné de l’immolation de l’animal (bouc, chèvre…): c’est la Sounna du prophète(PSL). Toujours est-il que je me suis livré à cause de ce vacarme insoutenable. Fouinant mon nez sur le lieu avec mon esprit de blogueur curieux, j’ai décidé de recueillir quelques informations. Les préparatifs étaient de cours, les jeunes accrochaient les bâches (grande toile en caoutchouc pour éviter le soleil). Tant disque d’autres installaient les chaises, la musique raisonnait toujours. L’engouement humain était là.

Collectant quelques infos, j’apprends que ce baptême se déroule seulement après deux semaines depuis la naissance du bébé. Ce n’était pas époustouflant : la pauvreté et le désir de vouloir faire bonne impression nous en oblige. A 9H, les personnes conviées étaient réunies. D’un côté se trouvaient les femmes et de l’autre les hommes. Les personnes religieuses : Imam, Sally (muezzin), amis et les autorités du quartier y étaient. La musique continuait toujours sa résonance assourdissante, ils y étaient obligés d’entendre le son.


A Conakry, même si nous croupissons dans la misère, mariage et baptême doivent être parfaits, grandioses. C’est devenu habitude obligatoire : il faut forcément préparer des plats succulents, acheter des modèles de jus et inviter beaucoup de personnes. Très difficile pour un fauché…
A 10h, c’était maintenant l’heure de donner nom à cette petite enfant. Le calme était là. Tout le monde écoutait. Des amusements et flagorneries adressés à l’endroit des parents, on y voyait le désir d’amasser des pécules. L’imam a commencé par Attak-Bir (dire Dieu est grand). C’était une enfant, une petite Camara. L’imam débute aussitôt après les amabilités, son sermon : C’était impressionnant. Disant : « Un enfant est un don Dieu. Il est précieux et mérite une bonne éducation pour le bien de tous. Il doit être accueilli par l’immolation. Il doit connaître sa religion et l’appliquée. Mais un enfant accueilli dans l’ambiance, la musique, des interdits religieux et la mauvaise éducation risque fort de nuire la société. De même que l’éducation de nos filles est mauvaise aujourd’hui de par leurs habillements extravagants. Je finis en disant que dorénavant, je ne viendrai plus à un baptême d’ambiance, de musique ».

Ainsi, papier en main l’imam commença par Alfaa-Tiha, le Dou-a-ou et les autres ont répondus  Amin-Amin…Alla Houma Sally ala Muhammad  Ismouhaa : Maî… Camara. Et donc l’enfant reçue le nom de Maîmouna Camara. Acclamations, bénédictions et distribution d’argents et de gâteaux s’en suivirent. Les différents mets firent servis et tout le monde commença à se régaler. Autant dire que l’esprit humain est tenté par le plaisir de la vie puisqu’aussitôt que les imams ont quitté le lieu,  le Didier a furtivement balancé le son en vue de gagner quelques pécules: la musique, le beat. Les femmes commencèrent à s’éclater à tour de rôle dans la piste de danse. L’ambiance continue, on s’en fou
 

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