Un drôle de baptême
@Mouslim Diallo photo : Cérémonie de baptême. |
A 5h du mat’, sortant
difficilement pour la prière de l’aube, j’avais aperçu une lueur derrière la
cour, c’était des femmes qui préparaient certes. Sans se préoccuper pourquoi, je
suis rentré accomplir mon obligation réligieuse.
Vers 8h, alors que je voulais rattraper mon sommeil, le soleil perçait
discrètement les petits trous de ma porte. Un bruit assourdissant me réveilla. Vrombissement des baffles. La musique résonnait. C’était
un baptême des voisins. Le baptême de M. Camara. Au finish, je suis sorti de
mon lit pour voir ce qui s’y passait.
A
l’accoutumée, les cérémonies de baptême s’effectuent seulement après 7 jours
de la naissance de l’enfant. Les règles religieuses l’indiquent clairement. Donner
un nom au bébé doit être obligatoirement accompagné de l’immolation de l’animal
(bouc, chèvre…): c’est la Sounna du prophète(PSL). Toujours
est-il que je me suis livré à cause de ce vacarme insoutenable. Fouinant mon
nez sur le lieu avec mon esprit de blogueur curieux, j’ai décidé de recueillir
quelques informations. Les préparatifs étaient de cours, les jeunes
accrochaient les bâches (grande toile en caoutchouc pour éviter le soleil).
Tant disque d’autres installaient les chaises, la musique raisonnait toujours.
L’engouement humain était là.
Collectant
quelques infos, j’apprends que ce baptême se déroule seulement après deux
semaines depuis la naissance du bébé. Ce n’était pas époustouflant : la
pauvreté et le désir de vouloir faire bonne impression nous en oblige. A
9H, les
personnes conviées étaient réunies. D’un côté se trouvaient les femmes et de
l’autre les hommes. Les personnes religieuses : Imam, Sally (muezzin),
amis et les autorités du quartier y étaient. La musique continuait toujours sa résonance
assourdissante, ils y étaient obligés d’entendre le son.
A
Conakry, même si nous croupissons dans la misère, mariage et baptême doivent
être parfaits, grandioses. C’est devenu habitude obligatoire : il faut
forcément préparer des plats succulents, acheter des modèles de jus et inviter
beaucoup de personnes. Très difficile pour un fauché…
A
10h, c’était maintenant l’heure de donner nom à cette petite enfant. Le calme
était là. Tout le monde écoutait. Des amusements et flagorneries adressés à
l’endroit des parents, on y voyait le désir d’amasser des pécules. L’imam a
commencé par Attak-Bir (dire Dieu est grand). C’était une enfant, une
petite Camara. L’imam débute aussitôt après les amabilités, son sermon :
C’était impressionnant. Disant : « Un enfant est un don Dieu. Il est précieux et mérite
une bonne éducation pour le bien de tous. Il doit être accueilli par
l’immolation. Il doit connaître sa religion et l’appliquée. Mais un enfant
accueilli dans l’ambiance, la musique, des interdits religieux et la mauvaise
éducation risque fort de nuire la société. De même que l’éducation de nos
filles est mauvaise aujourd’hui de par leurs habillements extravagants. Je
finis en disant que dorénavant, je ne viendrai plus à un baptême d’ambiance, de
musique ».
Ainsi,
papier en main l’imam commença par Alfaa-Tiha, le Dou-a-ou et les
autres ont répondus Amin-Amin…Alla Houma Sally ala Muhammad Ismouhaa : Maî… Camara. Et
donc l’enfant reçue le nom de Maîmouna Camara. Acclamations, bénédictions et
distribution d’argents et de gâteaux s’en suivirent. Les différents mets firent
servis et tout le monde commença à se régaler. Autant dire que l’esprit humain
est tenté par le plaisir de la vie puisqu’aussitôt que les imams ont quitté le
lieu, le Didier a furtivement balancé le
son en vue de gagner quelques pécules: la musique, le beat. Les femmes
commencèrent à s’éclater à tour de rôle dans la piste de danse. L’ambiance
continue, on s’en fou…
Commentaires
Enregistrer un commentaire